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Ce sont les deux faces d’une mĂȘme piĂšce, toutes deux dirigĂ©es par Mars, une planĂšte d’instincts. Ils sont Ă  la fois jaloux et possessif. L’homme du signe du BĂ©lier aime gagner et ĂȘtre le meilleur amant et partenaire que quiconque ait jamais eu. La femme Scorpion veut ĂȘtre la seule Ă  avoir Ă©tĂ© aimĂ©e par son partenaire du signe BĂ©lier. S’ils ont des doutes sur les actions de chacun, il est fort probable que la relation ne puisse durer bien longtemps. L’attraction entre l’homme BĂ©lier et la femme du signe du Scorpion est rĂ©ciproque. Le BĂ©lier est masculin et Ă©nergique, ce qui fera immĂ©diatement craquer la femme du signe Scorpion magnĂ©tique et loyale. Ils partageront la mĂȘme Ă©nergie et les mĂȘmes Ă©motions. Ces deux-lĂ  savent vraiment ce que la passion signifie. Parce qu’ils ont des personnalitĂ©s qui leur correspondent, ils vivront cette passion de maniĂšre trĂšs vivante. CompatibilitĂ© homme BĂ©lier femme Scorpion amour et relation La chimie entre eux est forte et profonde. On dirait que la femme du signe Scorpion est le partenaire idĂ©al du BĂ©lier, qui ne termine jamais ce qu’il a commencĂ© et commence toujours de nouveaux projets. Elle sera un gage sĂ©rieux et d’engagement le rendant plus organisĂ©. Il la respectera et l’aimera beaucoup. Et elle aura toute la libertĂ© qu’elle souhaite, surtout en ce qui concerne le foyer et la famille. Ces deux signes lĂ  ne se contenteront que du meilleur de la vie. Et ils sont les meilleurs l’un pour l’autre, ce qui signifie que leur relation va ĂȘtre incroyable. La femme Scorpion sera plus qu’heureuse de recevoir des cadeaux et de l’affection du gĂ©nĂ©reux et romantique BĂ©lier. Le BĂ©lier sera ravi d’avoir trouvĂ© quelqu’un d’aussi ouvert que lui. Elle ne craindra pas d’aventures et c’est quelque chose qu’il va tout simplement aimer en elle car il sait qu’il peut ĂȘtre sur un mode de confiance car il n’ira pas voir ailleurs. Les rapports sexuels entre ces deux signes seront passionnĂ©s et amusants. Les Scorpions sont connus comme les amants les plus qualifiĂ©s du zodiaque et les BĂ©liers sont rĂ©putĂ©s pour leur sang chaud ! La femme Scorpion a une beautĂ© et un charisme qui fascineront tout simplement l’homme BĂ©lier. La femme Scorpion est charismatique et charmante, ce qui rendra le BĂ©lier fou d’elle. Il est direct et elle aime la clartĂ© et les situations en noir et blanc. Leur amour et leur affection seront exprimĂ©s en public et tout le monde saura qu’ils sont ensemble. Une plus grande confiance entre eux n’apporterait que du bien. Ils traiteront de tout en communiquant plus efficacement. Si l’un d’eux se trompe, l’autre pardonnera et oubliera assez vite. C’est un couple dans lequel les partenaires sont capables de vivre en faisant ressortir le meilleur de l’autre. La femme Scorpion prendra bien soin de sa famille et de son foyer et conseillera l’homme BĂ©lier sur les questions de travail et de vie sociale. Il lui montrera beaucoup d’amour en retour. Sensuelle, la femme Scorpion amoureuse va apprĂ©cier la passion de vivre de son BĂ©lier. Ils veulent tous les deux gouverner et ce n’est pas tout Ă  fait possible. Un seul doit ĂȘtre le leader. Ainsi, ils peuvent devenir amers, surtout s’ils habitent tous les deux dans la mĂȘme maison. DĂšs que ces deux signes rĂ©ussiront Ă  ĂȘtre ensemble pendant longtemps, la confiance mutuelle entre eux sera indestructible. Le BĂ©lier est l’initiateur des choses, tandis que la femme Scorpion a besoin de les achĂšver. Ils sont vraiment forts en tant que partenaires. CompatibilitĂ© homme BĂ©lier femme Scorpion en amour les dĂ©fis La femme Scorpion en amour et l’homme BĂ©lier peuvent se surprendre par leur tempĂ©rament. Alors qu’il peut avoir des moments de colĂšre et faire de gros scandales, la femme Scorpion garde tout pour elle et attend le moment idĂ©al pour agir et lui faire mal. La façon dont ils s’entendent dĂ©pend en grande partie de qui domine quand ils font l’amour. Et le BĂ©lier ne voudra laisser personne d’autre que lui jouer le rĂŽle principal car il a besoin de mener la danse. La femme Scorpion amoureuse contrĂŽle aussi, mais elle prĂ©fĂ©rera se moquer de son obsession. Le fait que l’homme BĂ©lier en amour ait un fort caractĂšre et qu’elle soit passionnĂ©e peut mener Ă  de nombreuses disputes entre eux. Parce que cet homme a l’habitude d’ĂȘtre le patron de tout le monde, il ne la laissera pas tout contrĂŽler. Si aucun d’entre eux ne cĂšde, ils finiront probablement par se sĂ©parer. Il sera difficile de garder le contrĂŽle sur la nature impulsive et dominante de l’homme BĂ©lier. En revanche, la femme Scorpion est secrĂšte et possessive. Ils sont tous les deux manipulateurs quand ils veulent obtenir quelque chose dont ils ont besoin. Peu importe qu’ils s’entendent bien, ils auront toujours des diffĂ©rences de personnalitĂ©s qui les inciteront Ă  se disputer. Et le pire, c’est qu’aucun d’entre eux n’est prĂȘt Ă  cĂ©der et Ă  faire des compromis. Ce qui les rendra plus affectueux l’un envers l’autre, ce sont les maniĂšres charmantes et mystĂ©rieuses de BĂ©lier S’ils se respectent davantage, ils seront plus heureux. Les autres compatibilitĂ©s amoureuses pour l’homme BĂ©lier Homme BĂ©lier femme BĂ©lier Homme BĂ©lier femme Taureau Homme BĂ©lier femme GĂ©meaux Homme BĂ©lier femme Cancer Homme BĂ©lier femme Lion Homme BĂ©lier femme Vierge Homme BĂ©lier femme Balance Homme BĂ©lier femme Sagittaire Homme BĂ©lier femme Capricorne Homme BĂ©lier femme Verseau Homme BĂ©lier femme Poissons Vous pouvez Ă©galement consulter l’horoscope du BĂ©lier. L’horoscope du jour, l’horoscope de la semaine et l’horoscope du mois vous donneront les tendances des signes du zodiaque pour vous aider Ă  prendre les bonnes dĂ©cisions. Articles similaires February 14, 2022 Photo De Deux Personne Qui Font L Amour. Trouvez des photos de banque d’images de haute qualitĂ©, que vous ne trouverez nulle part ailleurs. 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Le couple repose sur un mythe fusionnel. J'ai envie de vous raconter une trĂšs vieille histoire Ă  propos d'un homme qui ne croyait pas Ă  l'amour. C'Ă©tait quelqu'un d'ordinaire, comme vous et moi, mais ce qui le distinguait Ă©tait sa maniĂšre de penser. Il pensait que l'amour n'existe pas. Bien sĂ»r, il avait fait de nombreuses expĂ©riences pour tenter de trouver l'amour, et il avait bien observĂ© les gens autour de lui. La plus grande part de sa vie avait Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la recherche de l'amour, pour finalement dĂ©couvrir que celui-ci n'existait qu'il allĂąt, cet homme disait Ă  tout le monde que l'amour n'Ă©tait qu'une invention des poĂštes, une trouvaille des religions servant Ă  manipuler les esprits faibles des humains, afin de les contrĂŽler et de les pousser Ă  croire. Il disait que l'amour n'est pas vrai, et donc qu'aucun humain ne pourrait jamais le trouver, mĂȘme s'il le homme Ă©tait trĂšs intelligent et trĂšs convaincant. Il avait lu de nombreux livres, Ă©tait allĂ© dans les meilleures universitĂ©s et Ă©tait devenu un Ă©rudit respectĂ©. Il pouvait prendre la parole en tout lieu, devant n'importe quel public, et sa logique Ă©tait implacable. Il disait que l'amour est exactement comme une drogue ; il vous fait planer, mais provoque une forte dĂ©pendance. On peut ĂȘtre gravement accro » Ă  l'amour. Que se passe-t-il alors, lorsque vous n'obtenez pas votre dose quotidienne d'amour ? Comme pour la drogue, il vous faut votre dose disait que la plupart des relations entre amoureux sont semblables Ă  celle du toxicomane et de son dealer. Celui qui a le plus besoin est le toxicomane ; celui dont le besoin est moindre est le dealer. C'est ce dernier qui contrĂŽle toute la relation. Vous pouvez observer cette dynamique trĂšs clairement parce-que, d'habitude, il y a dans chaque relation une personne qui aime plus et une autre qui n'aime pas vraiment, qui ne fait que profiter de celui ou celle qui lui donne son cƓur. Vous pouvez voir la façon dont ils se manipulent l'un l'autre, observer leurs actions et rĂ©actions, et vous verrez qu'ils font vraiment penser au toxicomane et Ă  son toxicomane, dont le besoin d'amour est le plus grand, vit dans la peur perpĂ©tuelle de ne pas obtenir sa prochaine dose d'amour, ou de drogue. Il se dit Que vais-je faire s'il ou elle me quitte ? » La peur le rend trĂšs possessif. Il ou elle est Ă  moi ! » Le toxicomane devient jaloux et exigeant, Ă  cause de cette peur de ne pas avoir sa prochaine dose. Le dealer peut le contrĂŽler et le manipuler, en lui donnant plus ou moins de doses, voire pas de dose du tout. Son client se soumet complĂštement et fera tout ce qu'il peut pour ne pas ĂȘtre continuait donc d'expliquer Ă  chacun pourquoi l'amour n'existait pas. Ce que les humains appellent amour’ n'est rien d'autre qu'une relation de peur basĂ©e sur le contrĂŽle. OĂč est le respect ? OĂč est l'amour qu'ils prĂ©tendent avoir l'un envers l'autre ? Il n'y a pas d'amour. Les jeunes couples se font de nombreuses promesses l'un Ă  l'autre, devant Dieu, devant leur famille et leurs amis vivre ensemble Ă  jamais, s'aimer et se respecter mutuellement, ĂȘtre lĂ  l'un pour l'autre, 'pour le meilleur et pour le pire’. Ils se promettent de s'aimer et de s'honorer l'un l'autre, et plein d'autres choses encore. Et ce qui est Ă©tonnant, c'est qu'ils croient vraiment Ă  ces promesses. Mais une fois mariĂ©s – une semaine, un ou plusieurs mois plus tard – vous constatez qu'aucune d'entre elles n'est lieu et place, vous dĂ©couvrez une guerre de pouvoir c'est Ă  qui manipulera qui. Qui sera le dealer, et qui sera sous dĂ©pendance ? Vous dĂ©couvrez quelques mois plus tard que le respect qu'ils se sont mutuellement jurĂ© a disparu. Vous constatez l'existence de ressentiment, vous voyez le poison Ă©motionnel se dĂ©velopper, et comment ils se blessent l'un l'autre, petit Ă  petit au dĂ©but, puis de plus en plus, au point de ne mĂȘme pas voir quand l'amour c'est arrĂȘtĂ©. Ils restent pourtant ensemble, de crainte d'ĂȘtre seuls, et par peur de l'opinion et des jugements d'autrui, y compris des leurs. Alors, oĂč est l'amour ? »Cet homme avait l'habitude de dire qu'il connaissait beaucoup de vieux couples ayant vĂ©cu ensemble durant trente, quarante ou cinquante ans, et qui Ă©taient si fiers d'ĂȘtre restĂ©s ensemble toutes ces annĂ©es. Mais lorsqu'ils parlaient de leurs relations, ils disaient Nous avons survĂ©cu au mariage. » Ce qui signifie que l'un des deux s'est soumis l'autre ; Ă  un certain point, la femme a renoncĂ© et a dĂ©cidĂ© de supporter la souffrance. Celui qui avait la volontĂ© la plus forte et le besoin le plus faible a gagnĂ© la guerre ; mais oĂč est cette flamme qu'ils appellent l'amour » ? Ils se traitent l'un l'autre comme des possessions Elle est Ă  moi », Il est Ă  moi ».L'homme poursuivait sans fin, expliquant toutes les raisons pour lesquelles il croyait que l'amour n'existait pas, et il disait Ă  ceux qui l'Ă©coutaient Je me suis dĂ©jĂ  prĂȘtĂ© Ă  tout cela. DĂ©sormais, je ne laisserai plus personne manipuler mon esprit et contrĂŽler ma vie au nom de l'amour. » Ses arguments Ă©taient trĂšs logiques, et il parvenait Ă  convaincre de nombreuses n'existe un jour, alors qu'il marchait dans un parc, cet homme vit sur un banc une trĂšs belle femme qui pleurait. La voyant ainsi, il fut piquĂ© de curiositĂ©. Il s'assit Ă  cĂŽtĂ© d'elle et lui demanda s'il pouvait l'aider et pourquoi elle pleurait. Imaginez sa surprise lorsqu'elle lui rĂ©pondit Parce-que l'amour n'existe pas. » Il se dit VoilĂ  qui est Ă©tonnant une femme qui croit que l'amour n'existe pas ! » Il voulut Ă©videmment en savoir plus sur elle. Pourquoi dites-vous que l'amour n'existe pas ? », lui demanda-t-il. Eh bien, c'est une longue histoire », rĂ©pondit-elle. Je me suis mariĂ©e trĂšs jeune, pleine d'amour et d'illusions, avec l'espoir de partager ma vie avec cet homme. Nous nous sommes jurĂ© loyautĂ©, respect et honneur, et nous avons fondĂ© une famille. Mais bientĂŽt tout a changĂ©. J'Ă©tais la femme dĂ©vouĂ©e prenant soin de la maison et des enfants. Mon mari poursuivait sa carriĂšre ; son succĂšs et l'image qu'il avait Ă  l'extĂ©rieur comptaient plus pour lui que notre famille. Il perdit tout respect pour moi, et moi pour lui. Nous nous faisions mutuellement du tort, et finalement je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas et lui non les enfants avaient besoin d'un pĂšre, et j'ai pris ça comme excuse pour rester avec lui, en faisant tout ce que je pouvais pour le soutenir. Maintenant les enfants sont grands, ils sont partis. Je n'ai plus aucune excuse pour rester encore avec lui. Il n'y a plus de respect entre nous, plus de gentillesse. Et je sais que si je trouve quelqu'un d'autre, ce sera la mĂȘme chose, car l'amour n'existe pas. Cela n'a pas de sens de rechercher quelque chose qui n'existe pas. VoilĂ  pourquoi je pleure. »L'homme la comprenait trĂšs bien, il la prit dans ses bras et lui dit Vous avez raison l'amour n'existe pas. On recherche l'amour, on ouvre son cƓur et on devient vulnĂ©rable, tout ça pour ne trouver qu'Ă©goĂŻsme. Cela fait mal, mĂȘme si on pense que ça n'arrivera pas. Peu importe le nombre de relations qu'on a dĂ©jĂ  eues, la mĂȘme chose se reproduit chaque fois. Pourquoi donc continuer Ă  rechercher l'amour ? »Ils se ressemblaient tellement qu'ils devinrent les meilleurs amis au monde. C'Ă©tait une relation merveilleuse. Ils se respectaient mutuellement, et jamais ils ne se dĂ©nigraient l'un l'autre. A chaque pas qu'ils faisaient ensemble, ils Ă©taient heureux. Il n'y avait ni envie, ni jalousie, ni contrĂŽle, ni possessivitĂ©. Leur relation continuait donc Ă  grandir et Ă  se dĂ©velopper. Ils aimaient ĂȘtre ensemble, car ils passaient de bons moments. Lorsqu'ils Ă©taient sĂ©parĂ©s, ils se manquaient l'un Ă  l' jour que l'homme Ă©tait en dĂ©placement, il lui vint l'idĂ©e la plus saugrenue. Il pensa Hmm, peut-ĂȘtre est-ce de l'amour que je ressens pour elle ? Mais c'est tellement diffĂ©rent de ce que j'ai ressenti jusqu'ici. Cela n'a rien Ă  voir avec ce dont parlent les poĂštes, ce n'est pas non plus ce que dĂ©crit la religion, parce-que je ne me sens pas responsable d'elle. Je ne prend rien d'elle ; je n'ai pas besoin qu'elle s'occupe de moi ; je n'ai pas besoin de lui reprocher mes problĂšmes, ni de la charger du fardeau de mes histoires personnelles. Les moments que nous passons ensemble sont merveilleux. Nous nous apprĂ©cions mutuellement. Je respecte sa façon de penser, et comme elle se sent. Elle ne m'embarrasse jamais. Elle ne me dĂ©range nullement. Je ne suis pas jaloux lorsqu'elle est avec d'autres personnes. Je ne l'envie pas lorsqu'elle a des succĂšs. En fin de compte, peut-ĂȘtre que l'amour existe bel et bien, mais ce n'est certainement pas ce que les gens imaginent. »Il Ă©tait tout impatient de rentrer et de lui parler, pour lui faire part de cette drĂŽle d'idĂ©e. DĂšs qu'il se mit Ă  lui parler, elle lui dit Je vois tout Ă  fait ce que tu veux dire. La mĂȘme idĂ©e m'est venue, il y a longtemps, mais je ne voulais pas la partager avec toi, car je sais que tu ne crois pas Ă  l'amour. Peut-ĂȘtre, aprĂšs tout, que l'amour existe bien, mais ce n'est pas ce que nous pensions. »Ils dĂ©cidĂšrent de donner libre cours Ă  leur amour et de vivre ensemble, et ce qui est remarquable, c'est que les choses ne changĂšrent pas. Ils continuaient de se respecter, de se soutenir mutuellement, et leur amour grandissait de plus en plus. La moindre des choses faisait chanter leurs cƓurs d'amour, tellement ils Ă©taient cƓur de cet homme Ă©tait si dĂ©bordant de tout l'amour qu'il ressentait, qu'une nuit, un miracle se produisit. Il regardait les Ă©toiles et trouva celle qui Ă©tait la plus belle son amour Ă©tait si grand que celle-ci se mit Ă  descendre du ciel, et bientĂŽt se trouva dans ses mains. Puis, un deuxiĂšme miracle se produisit, et son Ăąme se fondit dans l'Ă©toile. Il Ă©tait profondĂ©ment heureux et trĂšs impatient d'aller voir la femme, et de lui mettre cette Ă©toile entre les mains, pour lui prouver son amour. DĂšs qu'il lui eut mis l'Ă©toile dans les mains, elle fut parcourue d'un instant de doute. Cet amour Ă©tait tellement immense qu'au mĂȘme instant l'Ă©toile tomba de ses mains et se brisa en millions de petits depuis, un vieil homme parcourt le monde, jurant que l'amour n'existe pas. Et une belle vieille dame attend chez elle la venue d'un homme, versant des larmes Ă  cause d'un paradis qu'elle a tenu une fois dans ses mains, mais qu'un instant de doute lui a fait l'histoire de l'homme qui ne croyait pas Ă  l' a commis l'erreur ? Avez-vous devinĂ© quel a Ă©tĂ© le faux pas ? C'est l'homme qui a fait une erreur, lorsqu'il a cru pouvoir donner son bonheur Ă  la femme. L'Ă©toile Ă©tait son bonheur, et son erreur a Ă©tĂ© de remettre ce bonheur entre les mains de la femme. Le bonheur ne vient jamais de l'extĂ©rieur. L'homme Ă©tait heureux Ă  cause du bonheur qui venait de l'intĂ©rieur de lui-mĂȘme ; la femme Ă©tait heureuse en raison de l'amour qui s'exprimait en elle. Mais dĂšs qu'il la rendue responsable de son bonheur, elle a brisĂ© l'Ă©toile, parce-qu'elle ne pouvait pas en ĂȘtre importe Ă  quel point cette femme l'aimait, elle n'aurait jamais Ă©tĂ© en mesure de le rendre heureux, parce-qu'elle n'aurait jamais pu savoir exactement ce qu'il avait en tĂȘte. Elle ne pouvait pas deviner ses attentes, parce-qu'il lui Ă©tait impossible de connaĂźtre ses vous placez votre bonheur entre les mains de quelqu'un d'autre, tĂŽt ou tard il ou elle le brisera. Si vous donnez votre bonheur Ă  autrui, il peut vous en priver. Alors que si le bonheur ne vient que de l'intĂ©rieur de vous-mĂȘme, qu'il est le rĂ©sultat de votre amour, c'est vous qui en ĂȘtes responsable. On ne peut jamais rendre autrui responsable de son amour, et pourtant lorsqu'on se marie Ă  l'Ă©glise, la premiĂšre chose qu'on fait est d'Ă©changer des alliances. Chacun met son Ă©toile entre les mains de l'autre et s'attend Ă  ce que l'autre le rende heureux. Pourtant, quel que soit l'amour que nous ayons pour quelqu'un, il est impossible d'ĂȘtre pour lui ce qu'il souhaiterait que nous l'erreur que la plupart d'entre nous commettent dĂšs le dĂ©but. On fait dĂ©pendre son bonheur de son partenaire, et ça ne peut pas marcher ainsi. On fait plein de promesses, qu'on ne peut pas tenir, et on programme ainsi son Ă©chec. Qui sont ces gigolos ? Qui sont leurs clientes ? PlongĂ©e dans ce monde, oĂč les femmes achĂštent du sexe et les hommes en vendent. Retrouvez notre enquĂȘte. Par Ann-Laure BourgeoisIl se fait appeler Bug Powder sur le Net oĂč il propose ses services d'escort depuis plus de trois ans. Ses clientes ? De jeunes femmes actives ayant des postes Ă  responsabilitĂ© Ă  qui il fait l'amour entre midi et deux ou des mĂšres de famille dĂ©laissĂ©es par leurs maris. Elles se passent le mot. Et Ă  29 ans, il vit dĂ©sormais entiĂšrement de ses services sexuels, en direct ou comme opĂ©rateur de tĂ©lĂ©phone rose. Il facture entre 150 et 180 euros de l'heure, mais "l'assouplit" en fonction de ses clientes. Une dĂ©marche presque militante. "Je considĂšre que tout le monde devrait avoir accĂšs au sexe tarifĂ©, il ne doit pas y avoir de classe privilĂ©giĂ©e de femmes", explique-t-il. Bug gagne entre 1000 et 1500 euros par mois et apprĂ©cie 
 "Je peux choisir mes horaires, je suis mon propre patron. Mon boulot a du sens", assure l' images La valse des gigolos sur le grand Ă©cranCharles, lui, est belge. Il a 37 ans et a choisi de crĂ©er son propre site internet il y a 6 ans sur lequel les clientes peuvent le contacter. Il est consultant en entreprise, une "activitĂ© annexe" qui lui permet d'avoir des horaires souples et de garder le contrĂŽle sur sa vie. "Je ne veux pas dĂ©pendre financiĂšrement de mon activitĂ©, et devoir accepter des pratiques qui me dĂ©plaisent. Et puis cela me permet d'avoir des sujets de conversation avec les dames que je rencontre." Son site a rencontrĂ© un succĂšs dĂšs sa mise en service et Charles est sollicitĂ© par des clientes de diverses nationalitĂ©s parmi lesquelles de nombreuses Françaises. "Aujourd'hui, je rencontre une vingtaine de femmes par mois", explique l'homme qui, bien qu'il n'apprĂ©cie pas le terme, se dĂ©crit comme un "escort de classe". Pour 150 euros de l'heure Charles propose une sĂ©ance de coaching sexuel, ou tout simplement de la tendresse "pour celles qui donnent beaucoup mais reçoivent peu".Aucun des gigolos rencontrĂ©s ne se considĂšre comme prostituĂ©. Ils prĂ©fĂšrent se prĂ©senter comme des ĂȘtres qui rendent la vie plus belle
"Avec lui c'est un concentrĂ© de bons moments"Certaines des femmes qu'il frĂ©quente acceptent de se dĂ©voiler et la plupart, comme Christine, se sont tournĂ©es vers lui pour pallier une dĂ©tresse sexuelle. MariĂ©e, mĂšre de deux enfants, elle est ingĂ©nieure en tĂ©lĂ©coms et frĂ©quente le gigolo depuis quelques mois. Autour d'un cafĂ©, la jolie quadragĂ©naire dĂ©crit un mari en dĂ©calage avec ses dĂ©sirs et sa quĂȘte du plaisir qui lui a fait dĂ©couvrir Charles au dĂ©tour d'un livre. "Quand je l'ai contactĂ©, j'avais une demande clairement sexuelle, je voulais qu'il me coache afin que je dĂ©couvre mon potentiel. AprĂšs la premiĂšre rencontre, je me suis rendue compte qu'il avait dĂ©clenchĂ© en moi un brasier interne", admet-elle, un sourire au coin des lĂšvre. Cependant, ces Ă©treintes physiques avec l'escort Ă  l'hĂŽtel lui suffisent. "Nous ne sortons pas. Je n'ai pas du tout besoin qu'il me sĂ©duise", assure-t-elle elle, est cadre dans une compagnie d'assurance. Elle ne souhaite pas mĂȘme dĂ©voiler son vrai prĂ©nom mais un large sourire Ă©claire son visage lorsqu'elle cite Charles qu'elle a contactĂ© quelque temps avant de divorcer. "Je n'avais connu qu'un seul partenaire et je voulais pouvoir comparer la maniĂšre dont mon conjoint me faisait l'amour avec un autre. Je peux demander Ă  Charles tout ce que je veux. Attention, jamais des trucs tordus !" prĂ©cise-t-elle en elle aurait jugĂ© inacceptable de faire appel Ă  la "J'imaginais les femmes clientes comme des vieilles qui couchaient avec des jeunes hommes, je trouvais ça rĂ©pugnant. Et puis je plaignais les gigolos ! s'exclame-t-elle. Cette rencontre a fait voler mes prĂ©jugĂ©s en Ă©clat."Aujourd'hui l'escort est le seul homme qu'elle frĂ©quente depuis un an, et leurs rencontres se font au rythme de deux fois par mois. Comme un vrai couple, Julie et Charles se rendent au restaurant, au cinĂ©ma, flĂąnent... et font l'amour Ă  l'hĂŽtel. "Je ne prends jamais mon portable, prĂ©cise Julie. Avec lui c'est un concentrĂ© de bons moments. Dans un couple, on fait l'amour puis l'instant d'aprĂšs on doit faire la vaisselle. Cela ne fait vraiment pas vibrer.""Je le recommande autour de moi"John Turturro a le rĂŽle-titre dans son film Apprenti gigolo 2013. Photo ARP sĂ©lectionSilhouette longiline, le teint hĂąlĂ©, Jade se confie librement dans son appartement sur sa relation avec Charles. DivorcĂ©e et mĂšre de trois enfants, la dentiste 43 ans, explique son cheminement jusqu'Ă  l'escort qu'elle a rencontrĂ© deux fois. " Je connaissais une pauvretĂ© sexuelle dans mon couple. Au bout de quelque temps, j'ai eu des amants. Et puis une copine m'a parlĂ© de Charles. " La premiĂšre fois, elle l'a attendu au Sofitel de Bruxelles, nue, un bandeau sur les yeux qu'elle a gardĂ© pendant trois-quarts d'heure. Tout cela selon son scĂ©nario Ă©rotique prĂ©alablement envoyĂ© par mail Ă  son partenaire. Leur premiĂšre rencontre a durĂ© cinq heures. " Je voulais avoir affaire Ă  une professionnelle et le fait de payer de quelqu'un pour avoir du plaisir m'excitait. ", assure celle qui se dĂ©crit comme une aventuriĂšre, " transgressive par nature ".Le sexe doit aller avec les sentimentsElisa Brune, journaliste scientifique et auteur du livre La rĂ©volution du plaisir fĂ©minin, analyse un sujet qui reste tabou, chargĂ© de rĂ©probation. " Il existe une interdiction culturelle faite Ă  la femme d'avoir du dĂ©sir. Pour elle, le sexe doit aller avec les sentiments ". Un argument qui pourrait expliquer que cette prostitution reste une grande absente des dĂ©bats. Le 4 dĂ©cembre dernier, la loi sur pĂ©nalisation du client a Ă©tĂ© votĂ©e Ă  l'AssemblĂ©e nationale. Actuellement Ă©tudiĂ© au SĂ©nat, le texte proposĂ© par le ministĂšre du Droit des femmes prĂ©voit une amende de 1500 euros pour les adeptes du sexe tarifĂ© et s'appuie sur plusieurs Ă©tudes qui Ă©rigent l'homme comme premier bĂ©nĂ©ficiaire de la prostitution. Un rapport parlementaire de la dĂ©putĂ©e Maud Olivier sur la question publiĂ© en septembre dernier arguait 99% des clients seraient de sexe chiffre qui paraĂźt biaisĂ© malgrĂ© la difficultĂ© Ă  mesurer la prostitution masculine. Selon Google Adwords, le mot " escort-boy " tapĂ© rĂ©guliĂšrement dans le moteur de recherche depuis 2004 a connu un rebond ces derniĂšres annĂ©es. Il est aujourd'hui tapĂ© 12 000 fois par mois en moyenne selon l'outil justement en cherchant un escort sur internet que Marianne a rencontrĂ© Charles il y a deux ans. La sage-femme belge de 37 ans, abusĂ©e sexuellement par son pĂšre pendant dix annĂ©es, attendait de Charles qu'il " la dĂ©coince " " J'avais honte au dĂ©but de me dire que je devais payer pour avoir des cĂąlins et de l'affection. Aujourd'hui j'en parle Ă  mes proches. " Tel un bienfaiteur, Charles lui rend visite Ă  la maison deux fois par mois. " Je le recommande autour de moi", assure Marianne. C'est aussi le cas de Jade, qui n'a pourtant vu aucune des femmes de son entourage passer Ă  l'action."Je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer !"La loi sur la prostitution pourrait changer la donne et rendre la prostitution au services des femmes plus souterraine. Photo Paul Strowger / Getty" Beaucoup de femmes dĂ©sirent faire appel Ă  des escorts, mais n'osent pas franchir le pas ", explique Charles. Une opinion que partage Elisa Brune, qui Ă©voque des Ă©changes physiques dans l'univers thĂ©rapeutique. " Dans de nombreux cas, les massages tantriques peuvent dĂ©boucher sur des relations sexuelles. C'est une forme de camouflage, plus facile Ă  gĂ©rer pour certaines qui n'ont ainsi pas l'impression de faire appel Ă  la prostitution ".Pour Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche au centre de recherche politique de Sciences Po Cevipof, l'opacitĂ© qui entoure ces pratiques s'expliquerait par une raison simple " Dire que l'on a recours Ă  des relations tarifĂ©es, c'est un aveu qui blesse le narcissisme. Cela signifie qu'une femme n'est plus en mesure de sĂ©duire les hommes. "La loi sur la prostitution pourrait changer la donne, et rendre la prostitution au services des femmes plus souterraine encore. Cependant Julie, comme Marianne et Christine, assure " ne pas se sentir coupable ". " Je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer ! " assure-t-elle. Une affirmation qui tranche avec celle d'Estelle, 24 ans, ancienne cliente de Bug Powder " Si j'avais risquĂ© une amende, je ne suis pas certaine que j'aurais fait appel Ă  un escort. Les femmes sont plus enclines Ă  se sentir coupables par rapport Ă  ce genre de choses ", lire aussiPourquoi les femmes n'osent pas demander ce qu'elles veulent au lit ?Nous aurait-ton menti sur l'orgasme et le point G ? RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© La brochure de Mirbeau sur la prostituĂ©e, L’Amour de la femme vĂ©nale, dĂ©couverte en Bulgarie et publiĂ©e retraduite en français en 1994, prĂ©sente un Ă©tonnant mĂ©lange de ses phantasmes misogynes et schopenhaueriens habituels et d’aperçus dĂ©capants sur la mentalitĂ© du client » dont il est des rares Ă  sonder en profondeur la dĂ©marche et la demande. La confrontation de cette Ă©tude avec les romans de la fille » des annĂ©es 1880-1900 et avec les analyses prĂ©-sociologiques ou anthropologiques sur le fait prostitutionnel, de Parent-DuchĂątelet Ă  Lombroso, permet de mettre en lumiĂšre les aperçus originaux du texte de Mirbeau. Quant au panĂ©gyrique inattendu du couple que forment la prostituĂ©e et l’intellectuel, il permet en outre de jeter un nouveau regard sur le mĂ©nage de Mirbeau et d’Alice Regnault, ancienne de page Texte intĂ©gral 1 Octave Mirbeau, L’Amour de la femme vĂ©nale, traduit du bulgare par Alexandre LĂ©vy, texte prĂ©sentĂ© e ... 2 Alexandre LĂ©vy a publiĂ© un article dans lequel il confronte L’Amour de la femme vĂ©nale de Mirbeau e ... 1DĂ©couverte Ă  la BibliothĂšque de Sofia, en Bulgarie oĂč elle parut en 1922, aprĂšs la mort du romancier, aux Ă©ditions Spolouka de Plovdiv, l’étude d’Octave Mirbeau intitulĂ©e L’Amour de la femme vĂ©nale a Ă©tĂ© publiĂ©e en français en 1994 par les soins de Pierre Michel1. IgnorĂ©e jusqu’alors des mirbelliens, en l’absence de tout manuscrit connu, elle fut traduite du bulgare par Alexandre LĂ©vy2. Il est probable que, comme pour certains romans de Mirbeau parus en Bulgarie, une premiĂšre traduction en avait Ă©tĂ© faite en russe, l’écrivain Ă©tant trĂšs apprĂ©ciĂ© en Russie. En ce cas, le texte que nous connaissons aurait subi le filtre de trois traductions successives du français en russe, du russe en bulgare, du bulgare en français. Sa datation probable, selon les spĂ©cialistes, est Ă  situer entre 1910 et 1913 Mirbeau meurt en 1917, au moment oĂč l’écrivain, malade, travaille Ă  Dingo, qu’un de ses disciples achĂšvera pour lui. 3 Bizarrement, l’ouvrage Émile Zola, Écrits sur l’art Paris, Gallimard, Tel », 1991 ne mentionne ... 4 L’expression est de LĂ©on Daudet Octave Mirbeau », Candide, 29 octobre 1936. 2Le cas n’est pas isolĂ© d’importants articles de critique d’art de Zola parus dans Le Messager de Saint-PĂ©tersbourg ont Ă©tĂ© traduits du russe en français3, l’original n’ayant pas Ă©tĂ© retrouvĂ©, et il en existe mĂȘme deux traductions diffĂ©rentes, ce qui laisse parfois les chercheurs perplexes. Zola dit-il du peintre Gustave Moreau que son talent est Ă©tourdissant » ou dĂ©routant » ? ses tableaux sont-ils des devinettes » ou des Ă©nigmes » ? Zola en est-il choquĂ© » ou irritĂ© », s’interroge-t-il sur le sens » de cette peinture ou sur sa valeur » ? On voit assez les consĂ©quences de la disparition du texte d’origine, et il faut donc prendre avec les prĂ©cautions d’usage cette brochure parue en Bulgarie, dont l’écriture semble bien peu vĂ©hĂ©mente par rapport Ă  la fureur lyrique4 » des articles de combat de Mirbeau, privĂ©e des points de suspension et des points d’exclamation en rafales chers au pamphlĂ©taire, mĂȘme si l’on y retrouve sans peine ses idĂ©es comme ses contradictions. 5 L’Ordre de Paris, 25 et 29 mars 1877. 6 Voir le Journal, 16 mars 1891, 8 fĂ©vrier 1895, 14 juin 1896. 3La non-publication de cette Ă©tude dans une revue parisienne pourrait s’expliquer par des considĂ©rations biographiques Mirbeau ne souhaitait sans doute pas la faire connaĂźtre en France, soit pour des raisons de prudence Ă  cause du sujet, soit, plus probablement, Ă  cause de sa femme. On sait qu’il avait Ă©pousĂ© civilement en 1887 Alice Regnault, ancienne femme galante connue des services de la Police des mƓurs qui l’avaient fichĂ©e, puis reconvertie dans l’écriture, et que ses origines rendaient trĂšs chatouilleuse sur le plan de sa nouvelle respectabilitĂ©. Toute allusion Ă  son ancien mĂ©tier de la part de son mari Ă©tait hors de question. La plupart des biographes considĂšrent que le mĂ©nage fut un enfer et qu’elle fut une abominable mĂ©gĂšre. Il est certes difficile de lui pardonner le faux qu’elle fit Ă©crire et publier aprĂšs la mort de son mari, comme un dernier testament politique » par lequel Mirbeau renierait ses idĂ©es passĂ©es et rentrerait dans le rang. Si l’on en croit le Journal d’Edmond de Goncourt, son ancienne activitĂ© Ă©tait encore de notoriĂ©tĂ© publique, et certains, comme la femme de Daudet, refusaient de l’inviter Ă  leur table. Ce ne fut pas le cas de Goncourt, qui fait mention dans son Journal de nombreuses invitations de part et d’autre, non sans chaque fois rappeler le passĂ© de Madame Mirbeau ou consigner des horreurs colportĂ©es sur son ancienne vie de tribade 21 novembre 1889. Edmond remarque au passage les jolis restes de la trĂšs jolie femme » qu’avait Ă©tĂ© cette ancienne courtisane, qu’il juge excellente maĂźtresse de maison et bonne cuisiniĂšre, mais aussi de caractĂšre fort agrĂ©able elle lui semble douĂ©e d’une douce bonne humeur et paraĂźt une crĂ©ature dont le contact de la vie doit ĂȘtre agrĂ©able et remontant » 24 avril 1890. Cette indulgence inattendue, quoique modalisĂ©e, peut ĂȘtre un effet de sa bienveillance envers Mirbeau, qui avait dĂ©fendu vaillamment La Fille Élisa dans deux articles de L’Ordre de Paris5, et dont Edmond rappelle qu’il avait Ă©tĂ© le premier Ă  le dĂ©fendre6 face Ă  Robert de BonniĂšres. Quoi qu’il en soit, Mirbeau, qui peu aprĂšs son mariage dĂ©peint les horreurs de la vie conjugale dans de nombreux textes de fiction, n’a jamais quittĂ© sa femme, n’a jamais songĂ© Ă  divorcer, s’est fort inquiĂ©tĂ© quand elle a Ă©tĂ© malade, l’a suivie dans ses cures pour soigner sa neurasthĂ©nie. S’il s’est mariĂ© en toute discrĂ©tion, il a souvent su se plier aux conventions qu’il ne cessait de dĂ©noncer. Et quel qu’ait Ă©tĂ© le quotidien de cette union, il Ă©tait sans doute important pour lui de s’assurer de ne pas vieillir puis mourir seul. L’avant-dernier chapitre de L’Amour de la femme vĂ©nale, prĂ©sentant comme l’amour le plus noble et le plus sincĂšre de la prostituĂ©e » un homme mystĂ©rieux qui n’est pas de son milieu » p. 74, ainsi que l’indignation rĂ©currente pour le mĂ©pris social qui vise celle qui voit toutes les portes de la sociĂ©tĂ© “bien-pensante” se refermer sous son nez » p. 72 et avec qui il est complĂštement inutile de se voir pour discuter et dĂ©jeuner ensemble » p. 55 − tout cela pouvait facilement rappeler aux lecteurs que Mirbeau avait Ă©pousĂ© une ancienne femme vĂ©nale ». 7 Elle comporte 36 pages dans l’édition française de Pierre Michel et 24 dans la mince brochure bulga ... 8 L’acte prostitutionnel est couramment appelĂ© amours vĂ©nales ». Ce sera plus tard un titre de Fran ... 9 VoilĂ  pourquoi, en Ă©crivant ces lignes, et en rĂ©flĂ©chissant sur la triste condition des filles ... 4Son Ă©tude l’appellation est de lui, si la traduction est exacte se dĂ©coupe en six brefs chapitres7 Origine de la prostituĂ©e – Le corps de la prostituĂ©e – La visite – La haine et le courage de la prostituĂ©e – L’amour de la prostituĂ©e – Son avenir ». La femme vĂ©nale8 » annoncĂ©e par le titre devient dans le corps du texte la prostituĂ©e » deux expressions distinctes en bulgare. La vĂ©nalitĂ© n’étant pas l’apanage exclusif de la prostituĂ©e, ce titre pourrait ĂȘtre une mesure de prudence. L’ambiguĂŻtĂ© de sa formulation a Ă©tĂ© remarquĂ©e amour du client ? de l’auteur ? pour la prostituĂ©e, ou amour Ă©prouvĂ© par elle, sujet que traite l’avant-dernier chapitre ? La premiĂšre interprĂ©tation est quelque peu dĂ©mentie par la lecture du texte il ne s’agit pas d’amour, certes pas dans le cas du client Mirbeau le rappelle sans cesse, mais pas non plus dans celui de l’auteur. Compassion, rĂ©volte plutĂŽt, mais aussi dĂ©goĂ»t, mĂ©pris, voire haine, sa pitiĂ© pour cette victime de la sociĂ©tĂ©, qu’affirme le dernier chapitre9, se trouvant modĂ©rĂ©e par son horreur de la femme ». On n’y trouve guĂšre l’ immense amour pour les pauvres putains qui rĂŽdent dans les tĂ©nĂšbres amies » de l’article recueilli dans Combats pour l’enfant. Nous placerions volontiers l’étude de Mirbeau quelque part entre l’attitude face aux prostituĂ©es de Huysmans et celle de Charles-Louis Philippe du premier, la gynĂ©cophobie fascinĂ©e, du second, la compassion triste et sans illusions. 10 P. 58 et p. 66, toujours au sens mĂ©taphorique. 11 On connaĂźt le VĂ©nus se dĂ©composait » de Nana. Le roman qui dĂ©veloppe le plus systĂ©matiquement le ... 5Bien sĂ»r, on n’attend de la part de Mirbeau ni ton Ă©grillard, ni rĂȘverie sentimentale, encore moins une vision de la prostituĂ©e Ă©thĂ©rĂ©e et christique Ă  la Marcel Schwob. On attendrait plutĂŽt une paroxystique plongĂ©e dans la boue et la putrĂ©faction, tempĂ©rĂ©e par l’influence russe Sonia de DostoĂŻevski, Katia de TolstoĂŻ. En fait, Mirbeau rĂšgle son compte au naĂŻf de la religion de la pitiĂ© », en notant qu’en ce cas la prostituĂ©e tente de le rouler » et que sa compassion lui dĂ©plaĂźt p. 63. Plus Ă©tonnant, si la boue » est deux fois mentionnĂ©e10, la traditionnelle comparaison entre la prostituĂ©e et la charogne11 – chĂšre Ă  Mirbeau dans des Ɠuvres de fiction comme Le Jardin des supplices – est absente. Le ton de ce texte traduit et retraduit semble celui d’un constat uniforme et largement impersonnel, la fureur mirbellienne se rĂ©sumant Ă  un C’est rĂ©voltant ! » p. 77 ou Ă  un N’y a-t-il pas lĂ  une absurditĂ© monstrueuse ? » p. 78. Ses procĂ©dĂ©s habituels d’antiphrase ambiguĂ«, de paradoxe, de feinte naĂŻvetĂ© comme d’exagĂ©ration dans la noirceur peuvent s’ĂȘtre perdus au fil des traductions successives, de mĂȘme que la vigueur de son vocabulaire. 6L’impression globale est celle d’un premier jet, non corrigĂ©. Les idĂ©es se rĂ©pĂštent, se modifient ou se contredisent, la logique se perd dans un dĂ©sordre que la partition en brefs chapitres masque mal. Le dĂ©but du dernier chapitre semble montrer que l’étude a Ă©tĂ© Ă©crite au fil de la plume Plus nous avançons dans notre Ă©tude des conditions matĂ©rielles et physiques de la prostituĂ©e, plus nous avons tendance Ă  l’excuser. Prise Ă  part comme un Ă©lĂ©ment isolĂ©, elle nous inspire de la rĂ©pugnance et de la peur [
]. Mais pour finir, nous en arriverons Ă  nous poser la question pourquoi, en fin de compte, les gens honnĂȘtes » ne font-ils pas preuve de sincĂ©ritĂ© et de comprĂ©hension Ă  son Ă©gard ? p. 77. 7Pour ne prendre qu’un exemple, la scĂšne du dĂ©part du client aprĂšs sa visite » Ă  la prostituĂ©e se rĂ©pĂšte au fil des pages et subit de curieux changements d’interprĂ©tation tantĂŽt avec une phrase polie, comme une vendeuse qu’on vient de payer et qui pense dĂ©jĂ  Ă  son prochain client, elle raccompagne son acheteur jusqu’à sa porte » p. 57, tantĂŽt il s’en va comme un voleur qu’on a surpris, sous le regard moqueur de celle qui Ă©tait sa victime passive, et qui se relĂšve insouciante, indemne » p. 59, tantĂŽt Ă  peine repu et rhabillĂ©, il retrouve son arrogance et ferme brutalement la porte de la sociĂ©tĂ© sur elle » p. 61 ; tantĂŽt encore ils se quittent, sans parler, sans s’embrasser, sans mĂȘme se donner une poignĂ©e de main » et l’acte prostitutionnel s’achĂšve toujours par la fuite, de mĂȘme qu’il a commencĂ© par une agression » p. 63 ; pour finir, le client semble bien rester quelque temps pour savourer l’extase mĂ©lancolique de l’aprĂšs-coĂŻt p. 75. 12 Un joli monde, romans de la prostitution, Ă©dition Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Mireille Dottin-Orsini e ... 13 Alexandre Parent-DuchĂątelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considĂ©rĂ©e sous le rapport ... 14 Cesare Lombroso, Guglielmo Ferrero pour la partie historique, La Femme criminelle et la prostituĂ© ... 8Le texte de Mirbeau n’est ni un tĂ©moignage, ni un texte de fiction. Si ses romans ou contes ont une base autobiographique, ils tirent ce matĂ©riau vers une outrance systĂ©matique qui confine Ă  l’hallucination, et sont Ă  prendre avec prĂ©caution, y compris et surtout quand il s’agit de la femme », de ses pompes et de ses Ɠuvres, ou des abominations conjugales que FĂ©licien Champsaur baptisera Ordures mĂ©nagĂšres. On y trouve çà et lĂ  tout le cortĂšge des phantasmes misogynes, devenus pour certains hommes de lettres une vulgate obligatoire et largement rĂ©pĂ©tĂ©e tout au long de la deuxiĂšme moitiĂ© du xixe certains passages de cette Ă©tude en diffĂ©rent notablement, et c’est tout son intĂ©rĂȘt. La comparer aux autres rĂ©flexions sur le sujet prostitutionnel12 devrait permettre de dĂ©gager l’originalitĂ© du regard de Mirbeau, qui a bien connu – dans le passĂ©, certes – la question, mais se souvient aussi des personnages littĂ©raires de prostituĂ©es qui fleurissent dans les trente annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, ainsi que des Ă©crits des thĂ©oriciens de la prostitution, comme Alexandre Parent-DuchĂątelet13 ou Cesare Lombroso14, parmi bien d’autres. 9Ainsi, la petite plĂ©bĂ©ienne », dĂ©jĂ  vicieuse Ă  dix ans, qu’il dĂ©crit dĂ©valant les rues en sautillant, nez en l’air et croupe tendue, fait furieusement penser Ă  l’enfance de Nana dans L’Assommoir. Pour Mirbeau, ces futures prostituĂ©es reprĂ©sentent malgrĂ© tout les notes vivantes qui chantent et dansent sur les fumĂ©es des faubourgs », et les quelques notes d’allĂ©gresse qui Ă©gaient la triste rigueur de la vie moderne » p. 50. Les demoiselles des ateliers qui vivent continuellement dans une atmosphĂšre de dĂ©bauche et de troc » p. 48 avant de grossir les troupes prostitutionnelles se souviennent des personnages d’ouvriĂšres de Huysmans, comme l’indulgence inattendue pour le maquereau et la sympathie » pour le couple singulier » p. 70 qu’il forme avec sa protĂ©gĂ©e Ă©voquent Bubu de Montparnasse de Charles-Louis Philippe 1901. 15 Il est certain que la misĂšre et l’abandon ne sont que les cause occasionnelles [de la prostitutio ... 16 À propos de l’appareil gĂ©nital des prostituĂ©es sous ce rapport, il n’existe pas de diffĂ©rences ... 17 L’érotisme torride de l’aisselle fĂ©minine non Ă©pilĂ©e est un topos de l’époque, par exemple dans l ... 10Le premier chapitre justifie la vĂ©nalitĂ© » du titre pour Mirbeau, l’origine de la prostitution est purement Ă©conomique, c’est la nĂ©cessitĂ© d’échanger son corps contre de l’or », un moyen d’échapper Ă  la misĂšre » p. 47-48. Il se dĂ©marque ainsi des dĂ©lires, appuyĂ©s sur des rafales de statistiques, d’un Cesare Lombroso, qui voit des Messaline » ou des prostituĂ©es-nĂ©es » partout, et pour qui la prostitution provient d’une folie morale » bien plus que de l’obligation de gagner sa vie15. Les comparaisons de Mirbeau relient la prostituĂ©e au marchĂ© elle devient loueuse, vendeuse, marchande, rentiĂšre, et son corps un local destinĂ© Ă  une industrie privĂ©e » p. 52, l’ébauche d’une machine vivante » dans l’usine sexuelle. Contrairement Ă  ce que rĂ©vĂ©la Parent-Duchatelet16, ce corps n’est pas pour lui semblable Ă  celui de la femme honnĂȘte », car les exigences de son mĂ©tier l’ont mĂ©tamorphosĂ©. Dans un passage qui fait irrĂ©sistiblement penser Ă  L’Origine du monde de Courbet, il explique qu’elle n’est que buste et taille ou plutĂŽt bas-ventre il Ă©voque peu aprĂšs le triangle excitant », modifiĂ©s par une exacerbation factice p. 54. Car il ne s’agit pas pour elle d’ĂȘtre belle ou charmante, mais d’attirer le dĂ©sir au premier regard sinon, le client serait intimidĂ©, peut-ĂȘtre mĂȘme impuissant » p. 52. Le reste du corps ne compte pas, elle n’a pas droit Ă  la nuditĂ© qui est naturelle et pure », car l’extase devant la nuditĂ© est Ă  l’opposĂ© du dĂ©sir sexuel » p. 53. Chaque pli de ce corps est donc suspect », mĂȘme l’aisselle17, dont l’énigme rappelle celle du sexe » p. 54. 18 Le 6 mai 1892, Edmond de Goncourt, gĂȘnĂ© par un article de Mirbeau en faveur de Ravachol, note que M ... 11TantĂŽt panthĂšre » p. 54, satanique » p. 57, fauve », ĂȘtre indomptable et dangereux » p. 62, tantĂŽt d’un cƓur simple et bon » p. 61, la prostituĂ©e est, par sa position en marge, un rĂ©vĂ©lateur du pourrissement gĂ©nĂ©ral. Comme Nana, elle reprĂ©sente un vĂ©ritable virus de dĂ©composition » p. 61, et en elle s’incarnent tous les dĂ©sirs les plus vils secrĂ©tĂ©s par la sociĂ©tĂ© » p. 57, dont elle fait passagĂšrement tomber le masque respectable. Elle est donc une anarchiste des plus radicales18 » p. 60, pour qui la civilisation » n’est que grimace » − mais elle ne le sait pas. Elle Ă©prouve, comme la fille Élisa » d’Edmond de Goncourt, une haine radicale pour l’homme en gĂ©nĂ©ral, qui se fait ensuite haine de prolĂ©taire », et Mirbeau la peint repoussante et grandiose », allant se joindre aux soulĂšvements rĂ©volutionnaires qu’elle transforme en folle et cruelle bacchanale » p. 66. 19 Une seule mention en est faite p. 73. 20 Henri Pranzini, surnommĂ© le tueur de courtisanes », vite transformĂ© en lĂ©gende aprĂšs son exĂ©cutio ... 12La prostituĂ©e de Mirbeau est en fait aussi multiforme que peu localisĂ©e. Il ne parle pas des maisons closes19, dont le nombre dĂ©cline Ă  Paris aprĂšs la guerre de 1870 au profit de la prostitution libre » des maisons de passe et des brasseries Ă  filles. Peu sociologue » en cela, il traite de la prostituĂ©e sans que l’on sache bien s’il s’agit d’une fille de trottoir ou d’une Ă©mule de Nana. Bien qu’il insiste sur la transaction financiĂšre que reprĂ©sente la passe, il semble ne pas prendre en compte le fait qu’il existe plusieurs prostitutions hiĂ©rarchisĂ©es dans l’échelle sociale, de la fille misĂ©rable Ă  la richissime horizontale, de la fille en carte Ă  la fille insoumise, sans compter celles qui se prostituent occasionnellement. Quand il parle des menaces inhĂ©rentes au mĂ©tier des prostituĂ©es, il passe sans transition du prolĂ©tariat des faubourgs » ou d’une allusion Ă  Jack the Ripper Ă  l’Affaire Pranzini20, dont la riche victime s’appelait Regnault comme sa femme, pour dĂ©velopper un tableau baudelairien Et l’on trouve la belle prostituĂ©e nue, l’artĂšre du cou tranchĂ©e, sur les couvertures en dentelles de son lit, la commode vidĂ©e de tous ses bijoux. Du mystĂ©rieux et Ă©lĂ©gant visiteur, aucune trace. Tout a Ă©tĂ© fait pour que le noble client puisse entrer et sortir en prĂ©servant son incognito
 p. 65. 13Seul le chapitre sur l’amour de la prostituĂ©e » parle vraiment du souteneur, un autre Ă©voque les filles qui travaillent sous les grands ponts mĂ©talliques, dans les vastes souterrains, sur les berges abruptes et dĂ©sertes des fleuves » p. 65 – pour ensuite souligner des ressemblances inattendues entre rois et prostituĂ©es, tous deux en constant danger professionnel d’ĂȘtre assassinĂ©s. Deux allusions seulement Ă  la syphilis p. 53 et p. 63, une seule aux visites mĂ©dicales obligatoires des filles en carte p. 79, sujets pourtant longuement traitĂ©s, aussi bien dans la fiction que dans les ouvrages Ă©tudiant la prostitution. Par contre, une curieuse mention de la thĂ©orie depuis longtemps caduque de l’imprĂ©gnation, pour expliquer la haine du mĂąle par le souvenir de l’homme de sa premiĂšre Ă©treinte » p. 61, montre que perdurent de vieux phantasmes et une vision pour le moins archaĂŻque de la femme. 21 Dans un autre passage, Mirbeau donne au contraire le dĂ©sir pervers » comme un constituant Ă©tern ... 22 C’est entre autres sur ce point que l’on a pu souligner l’influence de DostoĂŻevski sur Mirbeau. Voi ... 14L’apport vĂ©ritablement original de Mirbeau, sans doute grĂące Ă  son expĂ©rience propre, consiste Ă  s’interroger sur celui qui reste le grand absent des Ă©tudes sur la prostitution comme des textes la rĂ©glementant, c’est-Ă -dire le client. Mirbeau est le seul Ă  tenter d’analyser, aprĂšs avoir soulignĂ© la difficultĂ© de la tĂąche, ce que le client recherche chez la prostituĂ©e, ce qu’il en attend, les raisons profondes, conscientes ou non, de sa dĂ©marche. Il justifie l’existence de la prostitution, ou du moins explique son attraction inexorable et tragique », en Ă©tudiant le plaisir particulier, proche de l’ivresse, qu’elle apporte et que nulle autre femme ne pourra jamais procurer. Ce qu’il appelle la visite » est motivĂ© par le seul instinct animal, et tout diffĂ©rent de la pratique amoureuse. La passe n’est nullement une histoire d’amour en abrĂ©gĂ© et en accĂ©lĂ©rĂ© » p. 56, mais cet acte pour le moins Ă©trange lors duquel deux parfaits inconnus, grĂące Ă  une piĂšce d’or, se livrent aussitĂŽt Ă  ce qu’il y a de plus intime, Ă  ce qui dans les relations d’amour demande de longues approches. Il s’agit pour le client d’un bref moment de libertĂ© totale, d’une sortie de l’embrigadement social, d’un instant d’oubli, d’une perte d’identitĂ©. Dans cet anĂ©antissement momentanĂ© de sa conscience » p. 52, la prostituĂ©e dĂ©compose, pour ainsi dire, tout le systĂšme de valeurs de l’homme » p. 56, et tout sentiment, toute morale, toute responsabilitĂ©, et bien sĂ»r toute idĂ©e de fĂ©condation, sont absents de cet acte irrationnel. C’est en cela que consiste l’ attrait magnĂ©tique » qu’exerce la prostitution. Le client moderne, perverti par le vice et les maladies nerveuses21 » p. 53, ne peut connaĂźtre la voluptĂ© que dans une profanation de l’amour et de la vertu22, et dans l’assouvissement des dĂ©sirs les plus coupables, quand son Ă©ducation, son origine sociale, ses fonctions, s’effacent devant la toute-puissance de la pulsion instinctive » p. 60. En cela, seule la prostitution donnera une satisfaction complĂšte » Ni l’amour, ni une liaison avec une maĂźtresse d’expĂ©rience, ni le mariage avec une dame de la bonne sociĂ©tĂ©, ne peuvent remplacer ces moments de perversitĂ© oĂč l’homme se reprĂ©sente en train d’aborder et de possĂ©der une prostituĂ©e, sans remords, et sans que son statut social en souffre p. 57. 15Et il insiste Rien ne pourra remplacer cette puissante et Ă©trange joie de savoir qu’il peut tout dire, tout faire, tout exiger ; qu’il peut profaner l’amour et le souiller Ă  volontĂ© – et cela sans encourir de punition, sans remords de conscience, et avec la certitude que, le lendemain, il aura sauvegardĂ© son identitĂ© sociale p. 58. 23 Chapitre Lupanars et musĂ©es » de L’Âge d’Homme 1946. 16On songe ici Ă  Michel Leiris, Ă  l’attirance quelque peu infantile pour celles Ă  qui l’on peut faire tout ce qu’on voulait23 », transformant la maison close en palais de Dame Tartine
 Mais paradoxalement, ce plaisir de dominer la femme donne du pouvoir Ă  la prostituĂ©e, qui en tire Ă  son tour une sorte de plaisir satanique » p. 57. La passe, d’abord prĂ©sentĂ©e comme une libĂ©ration, devient ensuite un duel sans pitiĂ© », un meurtre commis dans le noir » − comparaison qui vient de Schopenhauer − et la machine vivante » se fait machine infernale » p. 53. 17D’autres considĂ©rations font penser Ă  la Sonia de Crime et ChĂątiment, Ă  ceci prĂšs que la charitĂ© Ă©vangĂ©lique en est, chez Mirbeau, totalement absente. Sur l’ oreiller souillĂ© » de la fille, le client vient dĂ©poser ses secrets les plus terribles », mais qui seront aussitĂŽt oubliĂ©s, car il n’existe pas pour elle ses clients portent tous le mĂȘme nom le suivant » p. 57. 18Le deuxiĂšme point intĂ©ressant, et quelque peu Ă©tonnant si l’on songe Ă  la rĂ©putation du mĂ©nage Mirbeau, se trouve dans l’avant-dernier chapitre, L’amour de la prostituĂ©e », qui fait Ă©cho au titre gĂ©nĂ©ral. Il s’agit de l’amour-sentiment, Mirbeau passant en revue les trois objets d’amour possibles pour la prostituĂ©e dans l’ordre, le souteneur, la lesbienne et l’homme qui n’est pas de son milieu ». Le souteneur est appelĂ© hyĂšne humaine » p. 68, mais il permet Ă  la fille la revanche et le luxe de se payer un homme » p. 69 ; si Mirbeau ne nie pas les mauvais traitements, il affirme voir dans ce couple du moins ce qu’il y a de plus essentiel dans les relations humaines la sincĂ©ritĂ©, la tendresse, la confiance » p. 70, et on a vu qu’il lui accorde sa sympathie personnelle, car il l’oppose aux milieux riches et bourgeois » oĂč l’on se moque de l’amour, et on le pervertit Ă  qui mieux [sic] » p. 70. 24 Dans Le Journal, 30 septembre 1892. 19La deuxiĂšme possibilitĂ© d’amour de la prostituĂ©e est une fille comme elle il s’agit des fameux rapports lesbiens entre prostituĂ©es dont Parent-DuchĂątelet n’avait parlĂ© qu’avec horreur et condamnation morale, et dont Mirbeau souligne qu’en traitant le sujet, il descend avec calme et sĂ©rĂ©nitĂ© encore plus bas dans le monde de la prostituĂ©e » p. 71. Cet amour est en fait consolation et repos seule l’étreinte d’une amie qui souffre des mĂȘmes peines lui fait oublier l’atroce solitude de son lit froissĂ© aprĂšs le passage du client » p. 73. Mirbeau souligne la comprĂ©hension mutuelle entre femmes – et soudain, pour la justifier, renoue avec les pires propos, signĂ©s Jean Maure », de son article de 1892 sur Lilith de Remy de Gourmont24. Dans cette piĂšce, dont Mirbeau feint de ne pas voir le ton constamment humoristique, le CrĂ©ateur, Ă  court de glaise en façonnant la femme, avait puisĂ© dans son ventre pour modeler le cerveau. Mirbeau en tire la conclusion, qu’il dit confortĂ©e par la science anthropologique », que la femme n’est pas un cerveau, elle n’est qu’un sexe, rien de plus ». Dans notre Ă©tude, il prĂ©cise qu’à l’inverse de l’homme, menĂ© par la raison, la femme, elle, rĂ©flĂ©chit avec son bas-ventre, et c’est de lĂ  que les images et les idĂ©es lui montent Ă  la tĂȘte. Par consĂ©quent, une conversation entre deux femmes demeurera toujours impĂ©nĂ©trable Ă  l’homme. » p. 72. 25 PensĂ©es, maximes et fragments de Schopenhauer, trad. Jean Bourdeau, Paris, Germer-BailliĂšre, 1880, ... 20Cette affirmation brutale, qui ne vise pas la prostituĂ©e mais la femme en gĂ©nĂ©ral, vient rompre de façon inattendue le ton du chapitre. Mirbeau souligne ensuite sans transition que le commerce lesbien exclut l’égoĂŻsme il est gratuit, mais aussi paradoxalement Ă©thĂ©rĂ© dans l’amour des filles entre elles, il y a une bonne dose d’élĂ©vation spirituelle », et le vice semble mĂȘme s’évanouir sous leurs baisers d’enfants innocents » p. 71. Pour lui comme pour les autres thĂ©oriciens du xixe siĂšcle, la prostituĂ©e, en tant que femme, reste arrĂȘtĂ©e sur une Ă©ternelle enfance psychologique et intellectuelle son intelligence, figĂ©e Ă  l’état infantile, baigne dans une Ă©trange inconscience » p. 60. Schopenhauer, dans son Essai sur les femmes 1851, avait affirmĂ© que le cerveau fĂ©minin s’arrĂȘtait Ă  dix-huit ans et n’évoluait plus les femmes demeurent toute la vie de grands enfants, une sorte d’intermĂ©diaire entre l’enfant et l’homme25 ». Lombroso reprendra l’idĂ©e, en s’appuyant aussi sur Parent-DuchĂątelet. 26 CitĂ© par Claude Herzfeld, Cahiers Octave Mirbeau, n° 1, 1994, p. 112. 21Le troisiĂšme amour de la fille, qui couronne le chapitre et clĂŽt vĂ©ritablement l’étude, est cet amour idyllique » p. 60 que la prostitution avait brisĂ© et profanĂ©, et qu’elle pourra Ă©prouver pour un homme qui pourrait bien ĂȘtre un journaliste. On sait que Mirbeau, Ă  partir de son retournement » idĂ©ologique des annĂ©es 1884-1885, pour se disculper des articles violemment antisĂ©mites des Grimaces, compare, aprĂšs beaucoup d’autres, la prostitution de la plume Ă  celle du corps fĂ©minin comme la fille publique, le journaliste bat son quart, dans ses colonnes Ă©troites – son trottoir – accablant de caresses et de gentils propos ceux qui veulent bien monter avec lui »26. Ce couple idĂ©al de l’intellectuel et de la prostituĂ©e, dont l’amour est trĂšs, trĂšs beau, car il n’y a rien de charnel en lui » p. 74, et la sociĂ©tĂ© Ă©tant ce qu’elle est, c’est-Ă -dire abominable, unit donc deux prostitutions Ă©galement douloureuses, celle de l’esprit et celle du corps. 22À l’inverse de la jeune fille honnĂȘte », qui, pour Mirbeau, une fois rĂ©vĂ©lĂ©e Ă  l’amour physique, ne pense plus qu’à cela et rĂ©vĂšle toutes les qualitĂ©s qui font de toute femme une fille galante en puissance » p. 75, la prostituĂ©e fait le chemin inverse elle va des Ă©treintes sexuelles rĂ©pĂ©tĂ©es vers une innocence retrouvĂ©e. Partie d’une saturation de rapports exclusivement physiques, elle dĂ©couvre le sentiment amoureux, et, un peu comme avec son amie lesbienne, peut enfin aimer sincĂšrement et purement l’amour spirituel s’offre Ă  elle dans la plĂ©nitude », et la voici qui donne avec joie ce qu’elle a toujours vendu » p. 76 exit la femme vĂ©nale, voici le rĂȘve de vivre avec une prostituĂ©e qui vous aime ». Mais la rĂȘverie de Mirbeau devient ambiguĂ« quand il passe aux avantages de ce couple idĂ©al cette liaison, dit-il, permet Ă  l’homme dĂ©licat et aimĂ© par une prostituĂ©e » p. 76 de prolonger Ă  volontĂ© le plaisir de sybarite » de la fin de la passe, qui n’est plus une fuite honteuse, mais la bĂ©atitude de la conscience assoupie [qui] plane au-dessus d’un corps fatiguĂ© et repu » p. 75. Et il ajoute que la prostituĂ©e, outre qu’elle peut renouveler perpĂ©tuellement l’attrait du plaisir sexuel » grĂące Ă  son mĂ©tier, aura Ă©videmment pour cet homme qui n’est pas de son milieu » une infinie gratitude » p. 76, au contraire des autres femmes
 27 Des nous » apparaissent avant ce chapitre deux fois p. 70, mais le plus souvent incluant le lec ... 28 Parent-DuchĂątelet, repris et citĂ© par Lombroso ed. cit. p. 461 La paresse peut ĂȘtre considĂ©rĂ© ... 29 Il y est fait allusion dans le premier chapitre L’augmentation du nombre de femmes exerçant auj ... 23L’étude se clĂŽt sur une rĂ©habilitation de la prostituĂ©e qui ne doit rien Ă  DostoĂŻevski ni Ă  TolstoĂŻ. C’est alors qu’apparaissent, dans la traduction, plusieurs nous27 » et un je » p. 77 qui pourraient rĂ©vĂ©ler in fine une subjectivitĂ©, une forme d’engagement personnel. AprĂšs avoir stigmatisĂ© une fois encore les incohĂ©rences et la violence du mĂ©pris des gens honnĂȘtes » pour la prostituĂ©e – ici la putain », toujours entre guillemets, car il s’agit de rapporter une des injures les plus cinglantes pour une femme » −, il rappelle qu’ Ă  sa façon, la prostituĂ©e est une ouvriĂšre » p. 78. Comme d’autres travaillent pour fournir le pain, elle fournit l’orgasme indispensable Ă  tous ». Elle travaille dur, elle que l’on a toujours taxĂ©e de paresse28, et dans un permanent danger pour sa vie et pour sa santĂ© ; elle n’a ni syndicat ni retraite. Mais les temps changent. Et Mirbeau, qui a toujours clamĂ© son horreur pour les revendications des femmes et leurs prĂ©tentions Ă  investir les mĂ©tiers masculins29, Mirbeau pour qui les fĂ©ministes sont de monstrueuses Lilith », explique que la femme veut juste ĂȘtre l’égale de l’homme, avec les mĂȘmes droits que lui », sans ironie semble-t-il, et appelle de ses vƓux le moment oĂč la prostituĂ©e pourra Ă©tudier, se cultiver, dĂ©cider de son avenir, avoir des goĂ»ts et des opinions, oĂč les femmes qui se vendent relĂšveront la tĂȘte » p. 80, et seront protĂ©gĂ©es Ă  l’égal des autres travailleuses. Ceci grĂące au soutien d’hommes de lettres » qui souligneront son utilitĂ© publique »  24Il ne s’agit nullement d’abolitionnisme ni de prohibitionnisme de la part de Mirbeau quand de nouvelles lois, dit-il, proclameront que la prostitution satisfait un besoin naturel », quand la prostitution sera acceptĂ©e en tant que fonction sociale, dĂ©barrassĂ©e de tout mĂ©pris », il n’y aura plus de femmes vĂ©nales » mais des femmes qui donneront du plaisir et que l’on remerciera en souriant » p. 81-82. Les derniĂšres lignes balaient in extremis cette utopie en rappelant une derniĂšre fois la permanence du mĂ©pris pour la prostituĂ©e pĂ©rissent des vies et des civilisations plutĂŽt que ces prĂ©jugĂ©s, tel est le cri de la sociĂ©té  ». 25Dans ses contradictions, ses lacunes et ses ambiguĂŻtĂ©s, l’étude de Mirbeau doit, rappelons-le, ĂȘtre prise avec la circonspection qu’appellent les traductions en chaĂźne. Elle devait comporter des passages inspirĂ©s que les filtres successifs laissent deviner Devant nous gĂźt le cadavre souillĂ© de la femme IdĂ©ale, que le mĂąle a emprisonnĂ© et humiliĂ©e Ă  coup d’amour ou de terreur durant les trente derniers siĂšcles 26ou encore Toutes, elles se sont penchĂ©es, jeunes et nues, au bord du mĂȘme prĂ©cipice, sur une falaise inaccessible. Dans le fond, elles ont vaguement aperçu une main ouverte pour les accueillir et dans laquelle brille de l’or ! Cette main inattendue les a sauvĂ©es de la mort, mais ses doigts se sont refermĂ©s sur elles inexorablement
 p. 73-74. 27Écrite Ă  la fin de sa vie, avec le recul de l’Ɠuvre faite et les souvenirs de son passĂ© de client et de son mĂ©nage, avec aussi la libertĂ© que donne la publication dans un pays peu connu de la France, l’étude de Mirbeau montre une Ă©tonnante volontĂ© de creuser les contradictions de la psychĂ© masculine dĂšs lors qu’il est question du sexe et de la femme. L’écrivain mĂȘle Ă  de vieux topoĂŻ et Ă  ses obsessions nĂ©gatives de vĂ©ritables fulgurations, des intuitions et des aperçus qui, le problĂšme de la prostitution n’étant nullement rĂ©glĂ©, pourraient garder aujourd’hui encore quelque pertinence. Haut de page Notes 1 Octave Mirbeau, L’Amour de la femme vĂ©nale, traduit du bulgare par Alexandre LĂ©vy, texte prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Pierre Michel, prĂ©face d’Alain Corbin, Paris, Indigo & cĂŽtĂ©-femmes Éditions, 1994. Nous indiquerons par la suite, pour chaque citation, le numĂ©ro de la page de cette Ă©dition entre parenthĂšses pour ne pas multiplier les notes de rĂ©fĂ©rences. 2 Alexandre LĂ©vy a publiĂ© un article dans lequel il confronte L’Amour de la femme vĂ©nale de Mirbeau et Le Sous-sol de DostoĂŻevski dans les Cahiers Octave Mirbeau n° 2 1995. Deux autres articles de cette revue portent sur l’étude de Mirbeau celle d’Isabelle Saulquin et une brĂšve note de Planchet. 3 Bizarrement, l’ouvrage Émile Zola, Écrits sur l’art Paris, Gallimard, Tel », 1991 ne mentionne pas qu’il s’agit d’une traduction du russe, et reproduit l’une des deux traductions existantes pour Le Salon de 1876 » et L’École française de peinture Ă  l’exposition de 1878 ». 4 L’expression est de LĂ©on Daudet Octave Mirbeau », Candide, 29 octobre 1936. 5 L’Ordre de Paris, 25 et 29 mars 1877. 6 Voir le Journal, 16 mars 1891, 8 fĂ©vrier 1895, 14 juin 1896. 7 Elle comporte 36 pages dans l’édition française de Pierre Michel et 24 dans la mince brochure bulgare d’origine. 8 L’acte prostitutionnel est couramment appelĂ© amours vĂ©nales ». Ce sera plus tard un titre de Francis Carco Tableau de l’amour vĂ©nal 1924. Dans le texte retraduit de Mirbeau, l’expression utilisĂ©e est ensuite le plus souvent la prostituĂ©e », Ă  une exception prĂšs, p. 62 et peut-ĂȘtre p. 63 la femme qui se vend », la fille de joie » p. 77, enfin la putain » p. 68, 69, 78, 81. 9 VoilĂ  pourquoi, en Ă©crivant ces lignes, et en rĂ©flĂ©chissant sur la triste condition des filles de joie », je me suis senti envahi par un sentiment de pitiĂ©, qui s’est vite mĂ©tamorphosĂ© en indignation contre la sociĂ©tĂ©. » p. 77-78. 10 P. 58 et p. 66, toujours au sens mĂ©taphorique. 11 On connaĂźt le VĂ©nus se dĂ©composait » de Nana. Le roman qui dĂ©veloppe le plus systĂ©matiquement le sujet est le premier roman de Paul Adam, Chair molle 1885, peu avant Le Calvaire de Mirbeau, dans lequel la prostituĂ©e syphilitique se putrĂ©fie sur une centaine de pages avant de mourir. 12 Un joli monde, romans de la prostitution, Ă©dition Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Mireille Dottin-Orsini et Daniel Grojnowski, Paris, Robert Laffont, Bouquins », 2008, comporte un dossier documentaire reproduisant des extraits de textes de Parent-DuchĂątelet, Maxime Du Camp, le comte d’Haussonville, Gustave MacĂ©, Cesare Lombroso, Pauline Tarnowski et des extraits de la plaquette de Mirbeau, p. 985-1102. 13 Alexandre Parent-DuchĂątelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considĂ©rĂ©e sous le rapport de l’hygiĂšne publique, de la morale et de l’administration
, Paris, BailliĂšre, 1836, deux volumes. Cette minutieuse Ă©tude, qui traite de la sociĂ©tĂ© de la Restauration, reste en dĂ©pit de sa date une rĂ©fĂ©rence pour tous les Ă©crivains de la prostitution jusqu’au xxe siĂšcle. 14 Cesare Lombroso, Guglielmo Ferrero pour la partie historique, La Femme criminelle et la prostituĂ©e, traduction de l’italien par Louis Meille revue par M. Saint-Aubin, Paris, Alcan, 1896. RééditĂ© aux Ă©ditions JĂ©rĂŽme Million, Grenoble, 1991. 15 Il est certain que la misĂšre et l’abandon ne sont que les cause occasionnelles [de la prostitution], pendant que la cause premiĂšre et vĂ©ritable se trouve dans l’absence de pudeur et la folie morale » Ă©d. cit., p. 442. 16 À propos de l’appareil gĂ©nital des prostituĂ©es sous ce rapport, il n’existe pas de diffĂ©rences entre elles et les femmes mariĂ©es les plus honnĂȘtes », t. ii, p. 338. 17 L’érotisme torride de l’aisselle fĂ©minine non Ă©pilĂ©e est un topos de l’époque, par exemple dans les romans Ă©rotiques de FĂ©licien Champsaur Lulu, 1901. 18 Le 6 mai 1892, Edmond de Goncourt, gĂȘnĂ© par un article de Mirbeau en faveur de Ravachol, note que Mirbeau l’anarchiste est de ceux Ă  qui il faut pour vivre et la femme et le boire et le manger cotĂ©s dans les plus hauts prix, des messieurs qui dĂ©pensent une soixantaine de mille francs par an ». 19 Une seule mention en est faite p. 73. 20 Henri Pranzini, surnommĂ© le tueur de courtisanes », vite transformĂ© en lĂ©gende aprĂšs son exĂ©cution, avait Ă©gorgĂ© en 1887 une demi-mondaine fort riche, Marie Regnault, sa servante et sa fillette. 21 Dans un autre passage, Mirbeau donne au contraire le dĂ©sir pervers » comme un constituant Ă©ternel de l’esprit de l’homme » p. 61. 22 C’est entre autres sur ce point que l’on a pu souligner l’influence de DostoĂŻevski sur Mirbeau. Voir note 2. 23 Chapitre Lupanars et musĂ©es » de L’Âge d’Homme 1946. 24 Dans Le Journal, 30 septembre 1892. 25 PensĂ©es, maximes et fragments de Schopenhauer, trad. Jean Bourdeau, Paris, Germer-BailliĂšre, 1880, p. 118. 26 CitĂ© par Claude Herzfeld, Cahiers Octave Mirbeau, n° 1, 1994, p. 112. 27 Des nous » apparaissent avant ce chapitre deux fois p. 70, mais le plus souvent incluant le lecteur, tandis que ceux du dernier chapitre sont la formule traditionnelle Ă©quivalant Ă  un je » − si la traduction est fidĂšle. 28 Parent-DuchĂątelet, repris et citĂ© par Lombroso ed. cit. p. 461 La paresse peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une des causes principales de la prostitution [
]. La paresse des prostituĂ©es est devenue pour ainsi dire proverbiale. » 29 Il y est fait allusion dans le premier chapitre L’augmentation du nombre de femmes exerçant aujourd’hui des professions qui Ă©taient jusque lĂ  le privilĂšge des hommes, encourage certains de ces filles-mĂšres Ă  se passer d’un Ă©poux » p. 50.Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Mireille Dottin-Orsini, L’Amour de la femme vĂ©nale la prostituĂ©e et l’homme qui n’est pas de son milieu » », LittĂ©ratures, 64 2011, 203-215. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Mireille Dottin-Orsini, L’Amour de la femme vĂ©nale la prostituĂ©e et l’homme qui n’est pas de son milieu » », LittĂ©ratures [En ligne], 64 2011, mis en ligne le 03 aoĂ»t 2016, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Mireille Dottin-OrsiniMireille Dottin-Orsini est professeur de LittĂ©rature comparĂ©e Ă  l’UniversitĂ© Toulouse 2. Elle a publiĂ© Cette femme qu’ils disent fatale Grasset, 1993 et, en collaboration avec Daniel Grojnowski, l’anthologie commentĂ©e Un joli monde, romans de la prostitution Laffont, Bouquins », 2008.Articles du mĂȘme auteur Gil Blas, Gil Blas illustrĂ©, Le Courrier français 1891 Haut de page

deux homme qui font l amour